Je suis, il y a quelques jours, allé découvrir le dernier opus d’Astérix avec en tête les nombreuses critiques négatives et très négatives que j’ai lues du film. Je m’attendais à un navet mais que je devais quand même aller voir, en tant que fan d’Uderzo et Goscinny depuis ma plus tendre enfance. Je reste mitigé … sur les critiques du blockbuster que j’ai pu regarder dans une salle bondée à Dax.
En sortant du visionnage du film, sans non plus avoir la conviction d’avoir vu une réalisation d’art et d’essai ou un chef d’oeuvre, je n’ai pas regretté ma soirée. D’ailleurs, en écoutant les ados venus très nombreux voir ce dernier Astérix tant (et peut être trop) attendu, les remarques étaient toutes positives. Cela m’a vraiment interrogé sur la façon dont se construisent les critiques sur les films français à gros budget et la façon dont ils perçoivent ces productions, souvent populaires et ayant une approche scénaristique finalement assez simple.
Mais parlons d’abord de ce que je n’ai pas aimé. Des blagues qui tombent à plat, peu de fou-rires au final et principalement quelques sourires ici et là. On a effectivement l’impression que certains personnages (Philippe Katerine par exemple ou alors Marion Cotillard, en font trop). Ils essaient d’exister avec des personnages qui ne leur ressemblent absolument pas. De la part du chanteur psychédélique, on peut faire preuve d’indulgence. Moins pour Marion Cotillard, Cléopâtre un peu neuneu et actrice oscarisée et son époux, un poil décevant dans son rôle d’Astérix. On aurait pu s’attendre à un jeu d’acteurs plus recherché de la part du couple Canet/Cotillard. C’est tout l’inverse. Le scénario lui-même d’ailleurs est simple, pour ne pas dire, trop simpliste ? La question peut se poser, mais la suite de cet article peut apporter quelques réponses.
Un Astérix selon Canet
Un simple travail de recherche aurait suffi aux nombreux critiques pour constater que Guillaume Canet n’a jamais prétendu faire ni du Chabat bis, ni une comédie qui nous fasse rire aux éclats. C’est même tout le contraire. » Quand j’étais gamin, je ne me marrais pas tout le temps en les lisant. Je faisais attention à ce que racontait l’histoire. Je suis parti dans cette direction pour le film. » Le réallsateur de 49 ans avait juste le plaisir de sourire et de rire, de temps en temps. Ne serait-ce pas finalement à nous de faire le deuil de la version fabuleuse de Chabat… en réalisant que c’était du Chabat et que Guillaume Canet aurait fait pire s’il avait essayé de l’imiter ? La plupart des critiques ont fait cette comparaison à tort. De même, il précise lors de son interview à Ouest France les critères de sélection des producteurs pour le choix du réalisateur » Ils cherchaient un réalisateur qui avait eu un César, qui parlait anglais et qui avait déjà fait plus de deux millions d’entrées « . Autre fait intéressant, ce sont aussi les producteurs qui ont imposé l’idée de ne pas reprendre une BD originale d’Uderzo et Goscinny et de créer une toute nouvelle histoire. (Pour les néophytes : les producteurs sont ceux qui amènent l’argent). Difficile, même pour un Guillaume Canet reconnu pour ses magnifiques réalisations, d’imposer ses choix. Il a quand même pu en poser quelques uns. Les références subtiles au cinéma d’art martiaux, notamment d’Ang Lee, qui prêtent à sourire dans un film français, étaient en fait un hommage rendu à ces auteurs dont Canet affirme être fan et s’être inspiré. L’homme déconstruit et en plein questionnement qu’est Astérix est un clin d’oeil à ce qu’est une partie de la gente masculine d’aujourd’hui. Ces nombreux petits ajouts amènent la méga production à 65 millions d’euros plus dans un registre de film d’aventures parfois drôle, que dans une vraie comédie.
Un humour présent sans être envahissant
On ne peut nier que quelques blagues tombent à plat. Mais certaines sont très réussies et parviennent à déclencher des généreux fous rires dans la salle. Mais les premières minutes donnaient effectivement plus l’impression d’un festival de blagues ratées qui allaient se dérouler pendant tout le film. Nous parlions tout à l’heure des performances décevantes de certains des acteurs : il faut aussi saluer celles qui ont su se démarquer. Gilles Lellouche, dans le rôle d’Obélix, a été unanimement salué par la critique. Comment passer après le géant Depardieu ? Là encore, notre nostalgie nous poussait à voir du Depardieu, mais Lellouche réussit l’exploit d’exister dans un rôle qu’on croyait éternellement promis au Gérard national. Jonathan Cohen fait du Jonathan Cohen et les fans de La Flamme retrouveront avec joie le personnage paranoïaque et prétentieux qui se trouve être un loser très peureux. Vincent Cassel, malgré quelques premières minutes difficiles à regarder, corrige le tir et finit par nous faire rire. José Garcia, en mi-Cristina Cordula, mi-scribe, est inimitable et imbattable.
Tout cela pour vous dire que les critiques cinémas (si vous en doutiez encore) ne sont pas parole d’Evangile. Le mieux est d’aller vous faire vous-même votre avis. Pour ma part, j’ai été moins déçu que prévu ! Bon week-end !