Les séries françaises n’ont pas à rougir de leur présence sur la célèbre plateforme de streaming. Après Lupin, Family Business ou Dix Pour cent, nous avons découvert En Place la série réalisée par Jean-Pascal Zadi. Un bijou décalé, jonglant avec l’absurde : tout cela avec un casting d’humoristes XXL. Une satire excentrique, ode à la politique politicienne.
Les séries politiques parviennent parfois à passionner le grand public. House of Cards en est le plus célèbre exemple. Mais les films ou séries sur la politique en France, peu courants, n’ont pas toujours eu la réussite escomptée. Considérés trop longs, trop lents, pas assez dynamique ou trop ringards. Les critiques ne manquaient pas. Beaucoup critiqueront En Place de Jean-Pascal Zadi. En ratant peut-être les nombreuses subtilités d’une série qui a le mérite de pouvoir être regardée par tous.
Le Burlesque à son paroxysme
En Place raconte l’histoire d’un travailleur social, rappeur raté et semi-indigné, originaire des banlieues, qui acquiert une popularité telle qu’on penserait à lui pour devenir président. Eric Judor, en directeur de campagne opportuniste, assumant difficilement son statut d’homme de droite, est celui qui croit en cette candidature providentielle. Un petit clin d’œil à ces dernières années qui vient redire, à tort ou à raison, combien ‘n’importe qui » pourrait devenir Président de la République avec une bonne campagne de communication et quelques buzz choisis. Sauf que le candidat lui-même, malgré quelques punchlines réussies qui passeraient mieux en cour d’école, n’est pas vraiment le candidat idéal. Mais nous reviendrons sur Zadi plus tard. Marina Foïs et Benoît Poelvoorde brillent aussi dans leur fonction d’homme et de femme de gauche : arrivant à pousser là encore la caricature jusqu’au bout. Presque tous sont une caricature dans leur rôle de politiques : est-ce là une tentative assez réussie de souligner un modèle politique français en bout de course ? Ça amène en tous cas parfois le sourire, si ce n’est parfois le rire. L’avantage d’avoir un casting d’humoristes qui n’ont pas peur de tomber dans l’outrance.
Drôle et engagé
Même si En Place reste une satire, les messages sont là. A quand une candidature d’un homme “du peuple”, issu de la diversité ? Et pourquoi pas une directrice de campagne voilée, brillante mais aussi féministe ? Et ces maires de droite qui donnent leur soutien juste pour siphonner les voix de la gauche (et non pas par souci d’avoir des candidatures représentatives!) ? Ce directeur de campagne infidèle qui n’hésite pas à proposer ses services au plus offrant ? On se rend compte qu’un travail de fond et de recherche a été mené sur le fonctionnement d’une campagne présidentielle : donnant ainsi sur le ton de l’humour, la possibilité de vivre plusieurs campagnes différentes de l’intérieur avec tout le tralala médiatique autour. Avec ses boules puantes, ses arrangements pas très catholiques et surtout, ses hypocrisies.
Un Zadi XXL, sans effacer tous ceux qui l’entourent

Jean-Pascal Zadi ne joue pas. Il est. Après “ Tout Simplement Noir ”, on découvre un peu plus ce grand dadais déjanté qui joue de son air bonhomme et peu charismatique sans avoir peur de paraître un loser. Peu d’acteurs jouent aussi bien ce qu’ils sont dans la vraie vie. Personne ne peut douter que ce soit bien lui. Le mettre en scène aux côtés de l’excellente Fadily Camara souligne encore plus le trait d’un homme sympathique mais irresponsable. Elle le sermonne mais parvient malgré tout à lui reconnaître des qualités. Fary, lui aussi brillant en dealer de drogue arriviste, redonne à découvrir un duo qui marche avec Zadi. Jean-Claude Muaka, dans un rôle du complotiste permanent mais de garde du corps pas très fortiche, donnera quelques sourires.
En Place n’est pas la série de l’année. Mais vous passerez quand même un sacré bon moment avec les clés de compréhension ci-dessus. Bon week-end.