
33 ans après la sortie du Batman de Tim Burton, voici une nouvelle émulation du personnage de DC Comics. A voir ou à éviter ? Réponse dans cet article en essayant de ne pas gâcher de surprises !
2h57, c’est long ! Qu’est-ce qui a donc poussé Matt Reeves, réalisateur du dernier opus à faire un film avec une durée aussi importante ? C’est la question que je me suis posée en entrant dans la salle de cinéma. Vais-je revoir, encore une fois, l’histoire de Bruce Wayne juste jouée par un autre jeune acteur ? Est-ce qu’à mes 50 ans, j’irai encore découvrir un “nouvel” épisode de Batman, avec un Robert Pattison joufflu et vieillissant ? Les lumières de la salle de cinéma baissent graduellement et, je ne le sais pas encore, je m’apprête à découvrir ce qui est selon moi l’un des meilleurs Batman, si ce n’est le meilleur que j’aie vu : à côté de The Dark Knight et du tout premier avec Michael Keaton et Jack Nicholson, sorti en 1989. Voici ce qui m’a marqué dans ce film.
Pour des besoins cinématographiques, on a souvent voulu donner une double face à Bruce Wayne : d’un côté, le riche héritier orphelin, séducteur, capricieux et de l’autre, celui du super-héros implacable, violent et torturé. Robert Pattinson nous livre une prestation magistrale en nous offrant de façon permanente un être torturé, qui ne rit et ne sourit jamais. Qu’il soit Bruce Wayne ou Batman. Pas une plaisanterie, pas une ironie. Il est triste et torturé et ça se voit. Bruce Wayne est solitaire, à la limite de la dépression et il ne semble pas aimer pas les gens. Il veux sauver Gotham mais en restant dans son coin, loin des soirées bling-bling que nous avons vues avec Christian Bale ou Georges Clooney. Cette version de Bruce Wayne parvient à être le personnage qui nous ferait le plus peur : avec 3 méchants (Riddler, Falcone et le Pingouin) présents dans le film ! Certes, il y a une franchise à relancer mais on ne s’attend pas à une facette aussi sombre de l’homme chauve-souris. Mais du coup, il y a, en tous cas pour le moment, des méchants qui manquent un peu de profondeur car on a en tête le Joker, joué par Jack Nicholson et surtout Heath Ledger qui incarnaient vraiment des méchants.
Une bonne partie des scènes, et c’est un choix visuel intéressant, sont tournées à la Blair Witch, où nous sommes les yeux de Batman et nous voyons ce qu’il voit. On entend sa respiration, haletante et inquiétante. De même certaines scènes d’actions tournées donnent l’impression d’être soi-même témoin de ce qui se passe. Cela rejoint le point précédent : chacun d’entre nous est très proche de Batman et on vit avec lui et sa « dark attitude ». J’ai vraiment eu l’impression d’être “dans” le film alors que je ne l’ai pas regardé en 3D ! La voix-off de Bruce Wayne, très présente dans le film, renforce la sensation d’être en train de vivre avec lui ces terribles évènements. C’en est presque suffocant.
J’ai aussi été agréablement surpris par la sobriété des gadgets de Batman. Je ne vous en dit pas plus, mais observez son costume, ses gadgets et sa Batmobile. Fait d’ailleurs très intéressant, il se déplace plus à moto qu’autre chose. Ce choix épuré et brut nous fait oublier des Marvels qui jouent parfois beaucoup plus sur les effets spéciaux et le spectaculaire que sur une intrigue bien construite. Il n’est plus le héros planqué qu’on a connu et qui se cache de façon permanente. Batman est là, au milieu des gens, déjà connu et craint, notamment des policiers qui le détestent. De même, l’homme chauve-souris est imparfait, encaisse plusieurs coups et il ne se jette plus aussi facilement des toits qu’auparavant.
Le rôle d’Alfred, complètement repensé, nous surprend là aussi. On ne l’avait peu, ou jamais vu comme ça. C’est aussi le premier opus de Batman qui donne une vraie place à Catwoman dans l’intrigue du film. Elle a donc une utilité qui va au delà d’une simple romance et d’un faire-valoir féminin dans un film de super héros.

La qualité de l’intrigue de cet opus est aussi à souligner. Nous savons qui sont les méchants, mais… Difficile de vous en dire plus, si ce n’est que vous serez surpris.
Puisqu’il faut mettre un peu d’eau dans mon vin, je reviens sur la durée du film : 2h57… Certaines longueurs étaient évitables, surtout à la fin du film. La série “Gotham” a sans doute joué, mais on s’attend à une présence plus forte et plus charismatique du commissaire Gordon. Parlons aussi du fond un peu redondant de la ville de Gotham : l’expression d’une société corrompue et de chaos qui touche presque tous les habitants de la ville. Certes, c’est le contexte propre à Gotham et une décadence qui est la toile de fond du personnage de Batman et qui justifie son existence. Mais on commence à se lasser de ces épisodes apocalyptiques et de la menace permanente de la fin de cette ville, qui tel un chat, aura finalement eu plusieurs vies. Il faut malgré tout courir découvrir ce nouvel opus du chevalier masqué. Vous ne le regretterez pas. (N’oubliez pas d’aller faire pipi AVANT et d’amener du pop-corn!)