
Après Parasite, multi-récompensé par la critique et encensé par les téléspectateurs, on attendait la future perle coréenne. C’est Netflix qui nous l’a emmenée, déclinée en 9 épisodes. La production pourrait bientôt devenir la série la plus regardée sur la plateforme de streaming. Un exploit.
Lorsque plusieurs journaux, avec différentes lignes éditoriales chantent les louanges d’une série, qui plus est asiatique, on se dit qu’elle doit en valoir la peine. Pendant trois jours, j’ai vu Squid Game revenir dans plusieurs articles différents mais j’ai un peu ignoré le buzz. Après tout, j’ai bien pu me retenir de commencer Game of Thrones et je n’ai toujours pas fini Breaking Bad. Donc, je sais m’abstenir. Puis, il me fallait un peu de repos, de détente. Squid Game semblait correspondre au type de série que je pourrais découvrir le temps d’un dîner puis ne plus jamais regarder ensuite. 48 heures après, j’avais fini l’intégralité de la 1ère saison.
Il y a beaucoup de choses à dire sur cette série, peut-être trop et c’est sûrement là son grand défaut. Les réalisateurs coréens ne font pas semblant lorsqu’ils font du cinéma social. La subtilité n’est pas le maître-mot, mais c’est ce qui permet de nous éclabousser. Les références sont multiples : que ce soit lié à l’histoire des deux Corées, à leur christianisation, à notre rapport à l’argent sans oublier une critique acerbe du capitalisme et de l’individualisme des hommes. Rien que ça ! Le but pour moi est de vous décortiquer quelques thèmes marquants, sans vous dévoiler les détails de la série.
Partons sur trois points :
1. Le jeu des acteurs coréens m’étonne toujours. Ils sont si simples, si naturels : ils sont tous des monsieur et madame tout le monde. Imparfaits, égoïstes, faciles à culpabiliser, fragiles ou sensibles. Chaque acteur rentre dans cette simplicité et dans ce moule. C’est ce qui permet au spectateur de rentrer facilement dans Squid Game tout en s’identifiant aux différents personnages. Sans tomber dans le pathos et dans la quête d’un héros ou d’un super héros, la série coréenne nous propose des acteurs et un scénario qui nous semble terrifiants parce que presque trop proche du réel et trop proche de nos personnalités respectives.
2. La satire du capitalisme est frappante. Quelque soit l’orientation économique que chacun peut porter, on comprend combien le réalisateur a voulu explorer jusqu’au bout les méfaits d’une économie qui nous pousse à nous endetter. Ensuite, il décortique combien la chute est grande lorsqu’on se retrouve surendettés : quelque soit notre niveau de vie ou notre niveau d’études. C’est là le génie de cette série : riches, pauvres, voyous, médecins, chauffeurs ou encore chômeurs sont à la même enseigne. Ils veulent tous gagner de l’argent : non pas pour une meilleure vie mais pour rembourser une dette. Dans un premier temps, on ose questionner leur avidité : mais on est très vite rattrapés par leur désespoir et le dilemme devant lequel chacun se trouve. La bourse ou la vie. On se voit à leur place. Que ferions-nous dans la même situation ?
3. Hwang Dong-hyeok, réalisateur de la série, nous mets devant un miroir éthique et moral. Que faisons-nous dans telle ou telle situation ? Comment réagissons-nous ? Les personnes les plus généreuses sont-elles vraiment les plus fiables et les plus honnêtes ? La cruauté de certaines scènes, de certaines situations, humaines et à la fois inhumaines (vous comprendrez cette phrase lors du visionnage de la série) laisse sans mot. On se voit encore une fois dans la même situation et probablement à faire les mêmes mauvais choix que les protagonistes. Nos égoïsmes, nos complexités et nos égos seront rarement aussi bien illustrés.
Malgré quelques scènes violentes (assez typiques des réalisateurs coréens, voir Old Boy ou encore Parasite), on dévore la série jusqu’au bout : comme une télé-réalité haut de gamme et bien scénarisée. Sauf que celle-là nous amène à réfléchir sur nous-mêmes, sur nos vies, nos faiblesses et notre obsession de l’argent. Un chef d’oeuvre à voir à tout prix.