Cela fait plusieurs mois que nous sommes sortis de la dernière période de confinement. Plusieurs sections de la population se plaignaient de ne plus avoir accès à la culture et aux salles de spectacle. Et maintenant ?
Il est 20 heures à Nantes. Je profite de mon passage en Bretagne pour aller voir James Bond afin d’écrire ma chronique sur le sujet. Je m’empresse de réserver au préalable : il est quand même samedi soir, nous risquons de galérer à trouver des places. 15 heures, c’est peut-être un peu tôt, car il reste encore des places. Beaucoup de places. Sur place, la salle, quelques jours après la sortie du film, est relativement plein, mais il reste encore des places. A vu de nez, je dirai que la salle est à moitié remplie. Ou à moitié vide. Pour un James Bond, un samedi soir, on peut parler de résultat mitigé. Ici, à Dax, je suis allé regarder Barbaque, le dernier film de Fabrice Eboué, toujours pour en faire la critique. Nous étions 8 dans la salle, en pleine soirée. Il y a deux jours maintenant, j’étais à la salle Félix Arnauldin pour le concert de deux fabuleux artistes. On pourrait me dire subjectif, que chacun a ses préférences musicales, mais l’évènement, dont tous les médias locaux (Sud Ouest, France Bleu Gascogne, FGL, Souvenirs FM) font la promo depuis plusieurs semaines n’aura pas attiré grand monde. Mat Girard, un des « tourneurs » de Sinah Booking qui gère plusieurs groupes de musique, me confie que plusieurs grandes salles sont parfois à un tiers de leur jauge, pour des artistes pour lesquels ils avaient parfois besoin de réserver une deuxième date. Que se passe-t-il ?
Après avoir râlé pendant tellement de fois contre les cinémas fermés, les concerts auxquels on ne pouvait plus aller, les musées qu’on ne pouvait plus visiter, on préfère, alors que tout a réouvert, rester chez nous. Nos coups d’éclats sonnent aujourd’hui comme des coups d’épées dans l’eau. Ici dans les Landes, on peut difficilement citer la pandémie actuelle comme frein : plus de 80 % de la population locale est vaccinée et a accès à sa liberté « perdue ». Nous avons tout simplement perdu l’habitude de sortir de chez nous. On a créé nos petites habitudes à la maison, en se disant que Netflix, ce n’est pas si mal. Il fallait juste prendre une plus grande télé pour profiter des films chez soi. Une certaine paresse, devenue naturelle, s’est installée. Alors que la culture, ses acteurs, ses organisateurs et ceux qui sont indirectement concernés par le monde du spectacle, souffrent et certains pensent à mettre la clé sous la porte alors qu’ils attendaient notre retour avec impatience. Ce n’est plus le gouvernement, la Chine, la Russie ou des pangolins qui nous empêchent de repartir applaudir, écouter et s’extasier face à de bons films ou à de bons concerts. C’est nous qui sommes aujourd’hui responsables : s’il y a moins de concerts bientôt, c’est parce que nous aurons déserté les salles. Alors chers amis, reprenons-nous : reprenons notre joie de vivre, de fêter et de rêver. On vous attend !